NOTES

 

Cette chronologie résulte de l'extension, dans un second temps, d'une petite anaphore ne comportant que cinq dates et se soutient de deux listes des pièces avec leurs dates, écrites au verso des folios. Elle est à deux fins: d'érudition et de mise en évidence du contraste entre les événements historiques, certains oubliés d'autres non mais tous odieux, et les oeuvres géniales et mémorables. On ne saurait dire laquelle de ces deux fonctions a conduit Hugo à prendre en charge l'autre. Ce qui est sûr, c'est que ce chapitre s'inscrit directement en faux contre celui de Chateaubriand, « Siècle de Shakespeare » (ouvrage cité, p. 293-304), qui dans un long tableau d'une Renaissance européenne raffinée et brutale, brillante et violente, s'efforce de montrer que « c'était le génie même de son temps qui soufflait à Shakespeare son génie ».

 

Hugo n'a pas lui-même établi sa chronologie shakespearienne directement sur les diverses sources. La traduction de François-Victor Hugo, pas plus que les précédentes, ne comporte aucune chronologie complète et suivie de l'oeuvre de Shakespeare - on peut d'ailleurs s'en étonner - mais pour chaque pièce, une note initiale examine ses dates de création et de publication ainsi que les problèmes d'attribution. Il ne restait à Hugo qu'à réunir ces données dispersées et à trouver quelle date historique il mettrait en regard de chaque pièce.

Il le fait d'ailleurs avec une certaine indifférence à l'exactitude: la structure de sens importe davantage.

Richard II manque à la liste. Hugo connaît pourtant son existence et admet implicitement qu'elle soit bien de Shakespeare puisqu'au chapitre III, 1, 3 une note renvoie au tome 11 de la traduction de François-Victor qui contient cette oeuvre. La pièce et les circonstances où elle fut jouée en 1601 avaient pourtant de quoi retenir son attention -voir l'Introduction de François-Victor Hugo au tome XI La Patrie.

Manquent également Les Joyeuses Epouses de Windsor - dont Hugo cite pourtant le titre en II, 1, 2 et III, 1, 5, et dont il a lu l'introduction par son fils, voir au sous-chapitre 9 la note à « jouer la Tempête ».